24 octobre 2008


Compte-rendu commenté de la conférence-débat - La sécurité à Bruxelles - organisé par les JS de Jette et le Cercle des Etudiants Socialistes de l’ULB le 29 octobre 2008 dans la salle de spectacle du centre culturel de Jette


NB : Il s'agit de la version complète de l'article paru dans l'Ensemble de décembre 2008

Nous avons eu l’immense plaisir d’inviter Carla Nagels, docteur en criminologie, professeur à l’Université Libre de Bruxelles et auteur de « Jeune et violence » et « Jeune à perpète ». Cette conférence a été l’occasion pour une centaine de personnes de participer, réagir et comprendre une problématique très présente dans nos médias et habituellement monopolisée par la droite.

De très nombreux thèmes ont été abordés tels que le faux rapport entre jeunes et délinquance, le rôle important de la banalisation de la violence au travers des médias sur les comportements déviants et l’amalgame réalités/fictions qui, chez les jeunes, induit une perte de repères déstabilisante. Elle a également défait certains préjugés comme celui d’une montée inconditionnelle de la violence juvénile ou encore le lien entre la petite délinquance et les jeunes issus de l’immigration.
La question de la responsabilité des jeunes a été au centre de son discours. Les jeunes sont-ils responsables de leurs déviances ? Pour sa part, la réponse était clairement négative. Elle déterminait comme causes à cette irresponsabilité une série de facteurs sociologiques comme un taux de chômage juvénile énorme qui les empêcherait de s’intégrer normalement dans la société et la longévité quasi obligatoire du temps d’étude amenant les jeunes à dépendre de plus en plus longtemps de leurs parents. Dès lors, comment la société pourrait exiger la responsabilité de leurs actes si elle ne leur donne pas les moyens de les assumer.
La relation fusionnelle « droits-devoirs » ne pourrait valoir dans ce cas car sa condition d’existence, la responsabilité citoyenne, fait cruellement défaut. La dualité « droits-devoirs » n’aurait de sens que dans une optique tridimensionnelle : « droits-devoirs-responsabilités ».

Le rapport à l’offre politique sur ce thème a également été discuté. La délinquance et l’insécurité seraient des sujets de prédilection pour le monde politique car tous le monde aurait déjà été confronté personnellement à cette problématique. Les politiques, au lieu de s’attaquer aux causes de l’insécurité, se complaindraient dans des réponses faciles et peu constructives qui répondent artificiellement au problème. De fait, le débat est souvent réducteur et les solutions offertes étroites comme la question des caméras de surveillance qui ne règle pas le problème mais le déplace seulement.

Enfin, Carla Nagels a voulu provoquer le public (ou éveiller les esprits ?) en expliquant que la délinquance n’existe pas. Elle serait une construction sociale due à l’édification de normes légales et matérialisée via l’enregistrement de plaintes dans le système pénale. En clair, sans norme, pas de délinquance.
Pour terminer, elle explique que la violence a traversé toutes les époques et des actes considérés comme délinquant aujourd’hui ne l’étaient pas forcément hier et ne le seront peut-être pas demain.

Cette conférence fût suivie d’un riche débat où la morale principale tournait autour d’un choc générationnel inévitable si des mesures n’étaient pas, dès maintenant, mises en place pour assurer la transition du retournement progressif de la pyramide d’âge.
La conférence comme à son habitude se termina autour d’un verre et de débats passionnés entre nous, avec notre invitée et nos nombreux hôtes venus assistés à la conférence.


Je pense, pour ma part, que les principales sources du « sentiment d’insécurité » dont, peu ou prou, nous sommes victimes viennent directement et indirectement de l’insécurité sociale, (dans une nettement moindre mesure) physique, et d’un certain sentiment diffus d’abandons des politiques et plus largement encore de la politique. La sécurité sociale et économique des golden sixties a laissé place à une relative insécurité pécuniaire et, surtout, à une peur de l’avenir.

Nous devrions garder à l’esprit que nous avons tous des comportements déviants. Partant du constat qu’on ne peut éradiquer la délinquance totalement, réprimer de manière punitive les actes de délinquance ne contribue pas à réduire leur nombre et de facto ne constitue pas une réponse à long terme. La logique punitive et l’accumulation de mesures répressives ne combattent en rien l’insécurité globale.
Je suis convaincu que c’est à travers l’amélioration de la vie des gens et une logique préventive et éducative que des solutions verront le jour et contribueront à améliorer l’entente et l’harmonie social en favorisant la réintégration sociale des anciens incarcérés et des exclus sociaux, les alternatives aux peines de prison mais aussi le dialogue social entre les générations et les différentes couches sociales et une éducation qui intègre la mixité sociale et culturelle dans ses fondements éducatifs.

Par ailleurs, tant que la prison restera la principale modalité d’exécution des peines, la répression accrue de la délinquance ne fera qu’aggraver, sur le long terme, les actes délinquants. La prison est, aujourd’hui, un lieu de vengeance sociale où le délinquant est plongé dans un univers encore plus violent et plus destructeur que son milieu d’origine. L’enfermement intensifie le malaise et la détresse qui sont des vecteurs des comportements déviants et défavorise toute forme de réinsertion.
La prison, dans les faits, prépare davantage à la récidive qu’à la pacification des mœurs.


Mounir Laarissi

Président des JS de Jette et représentant « jeune » au Bureau Politique de la FBPS .

1 commentaire:

Siham a dit…

Bonsoir,

j'ai entre les mains "L'ensemble" du mois de décembre 2008, où l'on précise que l'on peut trouver le texte complet du compte-rendu sur la Sécurité à Bruxelles.
Je suis vraiment déçue que votre sîte ne soit pas tenu à jour.
Encore un petit effort à faire de ce côté.

Ancienne Trésorière de la FBJS 2006-2007