05 février 2010

La FBJS se positionne sur la question du port du voile à l'école secondaire

Résolution de la Fédération bruxelloise des Jeunes Socialistes (FBJS)

sur la question de l’interdiction éventuelle du port du voile à l’école secondaire


Par cette résolution et à l’issue d’une longue réflexion menée avec tous ses membres, la FBJS se positionne sur la question de l’éventuelle interdiction des signes ostentatoires religieux pour les élèves du réseau scolaire secondaire officiel en activité à Bruxelles, mesure qui viserait essentiellement le port du voile par certaines jeunes filles de confession musulmane.

La FBJS estime que, dans le contexte actuel, la mise en place d’une mesure répressive d’interdiction du port du voile à l’école secondaire n’est pas souhaitable ; ce type de mesure serait, notamment à Bruxelles, un vecteur d’exclusion non acceptable. Par ailleurs, il apparaît à la FBJS qu’il y a d’autres priorités sur lesquelles il est plus urgent de se pencher.

La FBJS estime que le débat a été mis sur la table pour de mauvaises raisons.
Loin d’avoir à cœur l’intérêt des Bruxellois ou la défense de principes laïques, plusieurs défendeurs de la thèse de l’interdiction parmi les plus médiatisés visent, sans scrupules quant aux conséquences, un électorat conservateur inquiet, nourri du fantasme de la dangereuse propagation de l’«influence musulmane» en Belgique. D’autres personnalités mènent naturellement un combat dans le sens de l’interdiction mus par des motifs sincères et louables, ayant à cœur des principes de laïcité et d’égalité. Mais, on ne peut le nier, il règne globalement sur ce dossier un dangereux climat de stigmatisation de la communauté musulmane, de rejet de l’autre, aux accents franchement populistes et parfois racistes. A cet aspect populiste s’ajoute une hypocrisie ambiante quant à l’influence globale de la religion en Belgique - un état neutre et pas laïque - notamment au niveau de l’enseignement. Le réseau scolaire catholique est le plus important de Belgique, et si l’état le finance, il ne lui impose que très peu de règles dans le domaine de la visibilité de la religion à l’école.
(Remarque: la FBJS est favorable à l’instauration d’un réseau officiel unique)

La FBJS considère que l’école doit être un lieu où les élèves se sentent bien, un lieu d’égalité, d’ouverture, d’émancipation et d’apprentissage de la tolérance. Dans le contexte actuel de stigmatisation de l’importante communauté des belges de confession musulmane de Bruxelles, il apparaît à la FBJS que l’interdiction des signes ostentatoires religieux serait ressentie comme une énième agression ciblée et vectrice d’exclusion vers cette communauté, qui pourrait se révéler désastreuse en terme de conséquences. Ce type de mesure renforcerait la communauté musulmane dans son sentiment de communauté, isolée des autres et potentiellement plus radicale parce que nécessairement défenseuse de ses spécificités. Pratiquement, cela pourrait entraîner la mise à l’écart du système scolaire officiel belge de nombreux élèves issus de familles bruxelloises de confession musulmane, dont une grande partie est issue des milieux les plus populaires de la région. L’émancipation des élèves issus des milieux les plus modestes, objectif primordial de l’école, serait donc compromise.

La FBJS souligne que le débat est complexe et que certaines questions sensibles ne doivent pas être mises de côté. D’abord, il est clair qu’en ce qui concerne les jeunes filles qui portent le voile, il faut éviter à tout prix de faire des généralités. Si pour certaines le voile est peut-être une imposition plus ou moins forte de la famille, pour d’autres c’est sans nul doute un véritable choix, qui est parfois synonyme d’émancipation. Une autre question sensible est celle de l’articulation entre le port du voile et l’égalité homme-femme, égalité à laquelle nous tenons beaucoup en tant que progressistes ; cet élément est analysé de manière très différente par les différents acteurs du dossier. Une autre question touche à l’articulation entre le combat historique des mouvements laïques et notamment socialistes pour un fonctionnement des structures publiques exempt de toutes velléités d’influence religieuse.

La FBJS précise qu’elle estime que l’autorisation des signes ostentatoires religieux doit se faire dans le respect et l’acceptation du déroulement classique de la vie scolaire. Cela ne doit notamment pas perturber les cours, dont certains, pour des raisons pratiques, nécessitent d’enlever ponctuellement le voile (exemples : piscine, chimie). Cela ne doit également pas interférer avec d’autres activités obligatoires dans le cadre de la vie scolaire, comme les visites médicales par exemple. En outre, dans le registre des conditions à l’autorisation du port du voile à l’école, la FBJS s’inquiète de la dérive de la discussion vers d’autres degrés du cursus scolaire. Pour la FBJS, il n’est pas question d’autoriser le port des signes ostentatoires religieux aux élèves de l’école maternelle ou primaire.

La FBJS, enfin, souhaite recadrer le débat dans un contexte plus large, le recentrer autour d’enjeux prioritaires et majeurs à Bruxelles. La FBJS estime que le débat est en partie le produit de la très problématique non mixité sociale dans nos écoles. L’objectif du vivre ensemble, sous-jacent au débat, ne sera pas atteignable si nos écoles ne sont pas plus mixtes et si l’enseignement n’est pas revalorisé, afin de pouvoir remplir au mieux ses objectifs d’apprentissage et d’émancipation de tous les élèves. Par ailleurs, tant qu’un groupe défini de Bruxellois sera trop souvent exclu de l’emploi, sujet à la discrimination à l’embauche après l’école, comment peut-on vraiment espérer, par des mesures isolées et répressives, aller vers le vivre ensemble ? Enfin, la FBJS rejoint le PS sur l’élément d’analyse suivant : "cette question ne doit pas occulter les vrais défis auxquels notre société est confrontée : le droit pour chacun de disposer d’un travail et d’un logement décents ; la lutte contre les discriminations et contre toutes les formes d’intégrisme ; et le développement du « mieux vivre ensemble », pour que les différentes composantes de notre société se côtoient et se respectent davantage."

Personne de contact : Claire Moureaux, 0477/45.72.65 - Claire.Moureaux@ulb.ac.be

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