21 décembre 2006

CP circulaire PLP41-la FBJS est signataire (et l'appel à singatures reste ouvert).

Plate-forme de réaction à la circulaire PLP41
55 rue du Président, 1050 Bruxelles

Communiqué de presse du 21 décembre 2006


Les projets de protocoles PLP41 « police et école » arrivent :

Dénonce et tais-toi ?

Les dérives sécuritaires liées à l’application de la PLP41 dénoncées par la Plate-forme lors de sa conférence de presse du 06 décembre dernier sont en train de se réaliser. Certains projets de protocoles soumis aux écoles sont effrayants. Ils ne se contentent pas de mettre un cadre légal sur des pratiques de collaboration déjà existantes, ils visent la transformation radicale des acteurs scolaires en auxiliaires de police. Ce 20 décembre, quelques représentants parmi les signataires de la réaction « l’école mariée de force à la police ? » ont été informer la Ministre Arena du contenu de ces protocoles. Surprise totale des représentants de la Ministre de l’Enseignement.

Très récemment, la Plate-forme de réaction à la circulaire PLP41 a pris connaissance du projet de protocole que la zone de police Bruxelles-Midi soumet en ce moment même aux écoles primaires et secondaires. Voici quelques engagements proposés aux écoles :
Le protocole s’applique aux faits répréhensibles, à l’absentéisme ainsi qu’au décrochage scolaire. Madame la Ministre avait dit « transformer la police locale en gestionnaire du décrochage scolaire ou encore faire endosser aux responsables d’établissements un rôle de délateur zélé, c’est une dérive à éviter ». Il lui faut par conséquent, via une circulaire, baliser clairement les échanges d’informations sur ce sujet;
Les écoles s’engagent à signaler à la personne de contact de la police locale les faits répréhensibles graves commis par les élèves seuls ou en groupe. En l’absence de définition claire et précise des « faits graves », l’école deviendra bien le « délateur zélé » de la police même pour des faits survenus hors de l’école dont elle aurait connaissance ou des faits antérieurs à l’arrivée de l’élève. Pensons aux jeunes qui sont passés en IPPJ, quelle école en voudra encore ?;
Les écoles s’engagent à informer à temps la police locale lorsque la sécurité et la protection des élèves est en question. Soulignons bien que les écoles DEVRONT informer la police. Contrairement à ce que prétend le ministre de l’Intérieur, l’école abdique de son pouvoir de gérer ce qui se passe en son sein;
Les écoles s’engagent à autoriser la police à mener des actions préventives dans l'établissement scolaire. Même remarque : une fois ce protocole signé, la police aura les mains libres pour mener comme elle l’entend des opérations préventives qui ne sont, à ce stade, absolument pas définies. Soulignons toute la confusion des rôles inscrite d’emblée dans ces actions entre le personnel éducatif et les policiers;
Les écoles s’engagent à ne faire aucune communication vers les médias au sujet des actions entreprises à l'école sans une concertation préalable avec les partenaires du protocole... Les partenaires et cosignataires de ce protocole sont : les bourgmestres, le Procureur du Roi Pol De Gryse et les chefs de corps de la zone de police. Avant même la mise en application, il est prévu que les écoles soient muselées…

Toute école qui s’engage à remplir de telles obligations vis-à-vis de la police verra ses initiatives pédagogiques ainsi que ses missions éducatives passer au second rang. En effet, ce sera bel et bien, quoiqu’en dise Monsieur Dewael, la police qui aura l’initiative à l’école.

Ce protocole sera proposé à la signature des établissements primaires et secondaires de la Zone Midi et sera ensuite étendu à l’ensemble de l’arrondissement judiciaire de Bruxelles. Le poids institutionnel des « partenaires » de l’école (soit le chef de zone, le Bourgmestre et le Procureur du Roi) implique une très forte pression sur chaque école individuellement pour qu’elle s’engage à signer ce protocole.

Informé hier matin, le Cabinet de Madame la Ministre de l’Enseignement a été sous le choc. Il semble que de tels protocoles ne soient "pas acceptables" pour reprendre les termes de Monsieur Pelosato, chef de cabinet. Alors même que la Ministre vient d’envoyer ce 20 décembre, mais seulement aux écoles secondaires, une circulaire pour les informer de l’existence de la PLP41, il semble déjà que, pour utile que soit cette initiative, elle ne soit pas suffisante au vu du contenu précis des protocoles soumis au monde scolaire. Le Cabinet a donc proposé à la Plate-forme de se revoir en janvier pour entendre nos suggestions sur une nouvelle circulaire mettant en avant toutes les structures de prévention de décrochage existantes que ce soit au niveau de l'école, de la commune et même des structures d'Aide à la Jeunesse. Circulaire qui prendrait une position "plus marquée", selon les termes de Toni Pelosato, par rapport à la PLP41.

Le monde scolaire a besoin impérativement d’un rappel des dispositifs éducatifs existants à sa disposition et d’une hiérarchisation claire des moyens à mettre en œuvre AVANT l’intervention des forces de l’ordre. Il ne peut, non plus, être question que la police ait toutes latitudes pour mener des « actions préventives » non définies (des fouilles avec chiens ont déjà été décrites comme « opérations préventives »). L’intervention de la police dans les écoles pour des cas graves existait bien avant la PLP41 et ne doit pas être remise en cause. La plate-forme soutient une intervention de la Ministre qui cadre et limite le rôle de la police. Pour que l’éducatif garde la main.

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